BCC: GRACE À LA POLITIQUE MONETAIRE IMPULSÉE PAR LE GOUVERNEUR ANDRÉ WAMESO, LE TAUX DIRECTEUR PASSE DE 25 À 17, 5%

En effet, la Banque centrale du Congo (BCC) a décidé, mardi 7 octobre, d’assouplir sa politique monétaire en ramenant son taux directeur de 25 % à 17,5 %, soit une baisse spectaculaire de 750 points de base.
Le taux des facilités de prêt marginal a également été réduit de 30 % à 21,5 %. Cette orientation marque un tournant dans la stratégie de stabilité financière engagée depuis le début de l’année.
Portée par une inflation ramenée à 7,8 % en glissement annuel et une appréciation de 11,6 % du franc congolais sur le marché officiel, la BCC estime que « le moment est venu de soutenir la croissance réelle sans compromettre les acquis de stabilité », selon son gouverneur, André Wameso.
Après une année 2023 marquée par une forte volatilité, Kinshasa espère désormais inscrire la monnaie nationale sur une trajectoire durable de confiance et de résilience économique.
Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale du Congo a tranché : la politique de rigueur monétaire adoptée en 2023 laisse place à un cycle d’assouplissement progressif.
En abaissant son taux directeur de 25 % à 17,5 %, et le taux des facilités de prêt marginal de 30 % à 21,5 %, la BCC envoie un signal fort aux banques commerciales et aux opérateurs économiques : la stabilité du franc congolais est désormais jugée suffisamment solide pour relancer le crédit et soutenir l’investissement.
« L’appréciation observée depuis maintenant quelques semaines sur le marché de change est l’œuvre de la politique monétaire appliquée par la Banque centrale du Congo », a affirmé, avec assurance, le gouverneur André Wameso lors du point de presse tenu au siège de l’institution, à Kinshasa. « J’allais même dire que c’est exclusivement grâce à cette politique monétaire qu’il y a appréciation du taux de change », a-t-il ajouté, insistant sur le rôle central de la BCC dans la stabilisation du marché.
Un contexte macroéconomique plus favorable
Cette décision du CPM intervient dans un environnement économique national en nette amélioration. Selon la Banque centrale, l’inflation, encore à 15,1 % fin septembre 2024, a été ramenée à 7,8 % un an plus tard. Le franc congolais s’est quant à lui apprécié de 11,6 % sur le marché officiel, s’établissant à 2 548,50 CDF pour un dollar, et de 7,8 % sur le marché parallèle, où le billet vert s’échange désormais autour de 2 659,28 CDF.
« D’après tous les indicateurs du marché, nous allons continuer à voir le franc congolais s’apprécier », a poursuivi André Wameso, tout en soulignant que cette tendance s’accompagne d’une « réorganisation du marché de change » destinée à renforcer la transparence et la traçabilité des opérations.
Le CPM note également que la croissance économique nationale demeure robuste, soutenue par la bonne tenue du secteur minier, la reprise des exportations et la stabilisation des recettes publiques. Sur le plan international, l’économie mondiale reste ralentie, avec une croissance prévue de 3,2 % en 2025 selon l’OCDE, mais la RDC semble tirer profit de ses fondamentaux internes renforcés.
De la rigueur au redémarrage maîtrisé
Pour le gouverneur de la BCC, l'homme qu'il fallait à la place qu'il faut, ce virage n’est pas un relâchement, mais une transition contrôlée. Il rappelle que la dépréciation observée mi-2023 provenait d’un déséquilibre technique : « La Banque centrale avait permis aux banques de constituer leurs réserves obligatoires en devises, mais à un taux fixe de 1 999 francs pour un dollar. Avec la dépréciation du franc, ces réserves ne suffisaient plus à couvrir les dépôts en devises, ce qui a provoqué une surliquidité et une pression accrue sur le marché de change. »
Pour corriger cette distorsion, la BCC avait alors resserré sa politique monétaire, relevant son taux directeur à 25 % et procédant à plusieurs interventions ciblées en devises. En août 2025, elle avait injecté 50 millions de dollars sur le marché pour contenir la volatilité.
L’actualisation du taux de change appliqué aux réserves obligatoires sur les dépôts en dollars avait, de son côté, permis de ponctionner près de 371 milliards de francs congolais de liquidités excédentaires.
Ces mesures, combinées à un meilleur encadrement du système bancaire et à un suivi plus strict des opérations de change, ont progressivement assaini la situation.
« Nous avons corrigé les causes profondes de la dépréciation. Aujourd’hui, le marché fonctionne mieux, et nous pouvons accompagner la reprise », a résumé le gouverneur.
Des effets déjà perceptibles sur les prix et la confiance
Si la monnaie nationale se redresse, la baisse des prix à la consommation tarde encore à se faire pleinement sentir. Le gouverneur Wameso l’explique par des facteurs structurels : « En économie, il y a toujours une rigidité des prix à la baisse. Les opérateurs préfèrent d’abord observer avant de réajuster leurs prix, pour s’assurer que la tendance de l’appréciation du franc est durable. »
Cependant, certains signes encourageants apparaissent. Les prix de quelques biens commencent à refléter la détente observée sur le marché de change. La BCC anticipe une inflation ramenée autour de 6,8 % en 2026, soit proche de son objectif de moyen terme.
Une politique monétaire au service de la croissance
L’assouplissement du taux directeur vise à relancer le crédit à l’économie réelle. Les banques commerciales, confrontées à un coût de refinancement élevé, devraient désormais bénéficier de marges accrues pour financer les entreprises et les ménages. Le gouverneur en appelle à une « transmission effective » de la baisse des taux vers le secteur productif : « Il est essentiel que les banques jouent leur rôle de relais. Cette politique n’aura de sens que si elle soutient la création de richesse et d’emplois. »
Les coefficients de réserve obligatoire demeurent, pour l’instant, inchangés : 12 % pour les dépôts à vue et 0 % pour les dépôts à terme en monnaie nationale, 13 % et 12 % respectivement pour les dépôts à vue et à terme en devises. Un équilibre que la BCC juge « adapté à la phase actuelle de reprise ».
La crédibilité retrouvée du franc congolais
Au-delà des chiffres, c’est la crédibilité de la politique monétaire congolaise qui semble consolidée. En restaurant la discipline dans la gestion des liquidités, la BCC a regagné la confiance des acteurs économiques.
La trajectoire demeure prudente : « Nous resterons vigilants face aux chocs extérieurs et aux tensions géopolitiques. Mais la stabilité actuelle du marché de change montre que notre monnaie retrouve sa force fondamentale », a conclu le gouverneur Wameso.
Avec cette décision d’assouplissement, la Banque centrale du Congo tourne la page d’une période de tension monétaire et s’engage sur celle de la relance. Une relance mesurée, mais porteuse d’un message clair : le franc congolais n’est plus une monnaie fragile, mais un instrument de confiance au service de la croissance nationale.
Achille Bope/ Le Pouvoir du peuple/ /I27
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