KINSHASA : ENTRE BETON, BITUME ET IMMONDICES (TRIBUNE)

KINSHASA : ENTRE BETON, BITUME ET IMMONDICES (TRIBUNE)

Kinshasa, géante urbaine et cœur battant de la République démocratique du Congo, s’étend chaque jour un peu plus entre béton et bitume. Les chantiers pullulent, les immeubles grimpent, les routes se tracent. La capitale rêve de modernité. Mais ce rêve se heurte à une réalité brutale, omniprésente, nauséabonde : celle des immondices.

Dans les artères principales comme dans les ruelles des quartiers périphériques, les ordures racontent une autre histoire. Celle d’une ville en pleine croissance mais mal entretenue, d’un État qui bâtit sans nettoyer, et d’une population qui vit tant bien que mal au milieu de déchets qu’elle ne sait plus éviter.

Le contraste est saisissant. D’un côté, des infrastructures flambant neuves inaugurées à grand renfort de discours. De l’autre, des tas d’ordures qui débordent des poubelles inexistantes, des caniveaux obstrués, des marchés transformés en décharges à ciel ouvert. Chaque pluie emporte avec elle des plastiques, des résidus, des microbes… et une partie de la dignité urbaine.

La saleté n’est pas une fatalité. Elle est le symptôme visible d’un mal plus profond : le désordre urbain et l’absence de volonté politique réelle pour faire de l’assainissement une priorité. Car comment justifier que dans une ville de plusieurs millions d’habitants, la gestion des déchets repose encore sur des systèmes artisanaux, mal coordonnés, souvent inefficaces ? Comment expliquer que les campagnes de nettoyage soient si rares, si peu suivies, et parfois seulement destinées à faire bonne figure à l’approche d’un événement officiel ?

Pendant ce temps, les Kinois vivent, survivent, s’adaptent. Ils organisent des journées de salubrité, brûlent les ordures, envoient leurs enfants marcher dans des eaux usées. Leur résilience est admirable. Mais elle ne doit pas devenir un prétexte à l’inaction.

Assainir Kinshasa, c’est plus qu’un besoin hygiénique. C’est un impératif social, environnemental, économique et symbolique. C’est refuser que la capitale devienne une décharge permanente. C’est affirmer que l’avenir ne se construit pas seulement avec du béton et du goudron, mais aussi avec de l’ordre, de la propreté, et du respect de l’espace public.

Le bitume et le béton n’ont de sens que s’ils s’accompagnent d’un environnement sain. Et tant que les immondices continueront à dicter la loi dans les rues de Kinshasa, le rêve d’une ville moderne restera inachevé.

Kinshasa peut et doit faire mieux. La capitale mérite plus que des infrastructures : elle mérite une vie digne, propre et respirable. C’est un combat de tous, mais c’est surtout un devoir de ceux qui dirigent.

LK

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