STARLINK EN RDC: ENTRE PROMESSE DE CONNEXION UNIVERSELLE ET DÉFIS RÉGLEMENTAIRES ( TRIBUNE)

STARLINK EN RDC: ENTRE PROMESSE DE CONNEXION UNIVERSELLE ET DÉFIS RÉGLEMENTAIRES ( TRIBUNE)

Dans une République Démocratique du Congo où l'Internet reste un luxe pour beaucoup, l'annonce de l'arrivée de Starlink, le service satellitaire haut débit de la société américaine SpaceX, a fait l'effet d'un électrochoc technologique. Cette technologie promet de connecter les zones les plus isolées, désenclaver les territoires oubliés par les infrastructures terrestres, et offrir une connectivité stable là où les antennes relais se font rares.

 

Bien que cette avancée technologique soit saluée mais les défis réglementaires, économiques, et de souveraineté numérique se multiplient. La RDC est-elle prête à accueillir une telle révolution ? Ou risque-t-elle d'ouvrir grand ses portes à un opérateur puissant, sans avoir les garde-fous nécessaires pour protéger ses intérêts ?

Avec un taux de pénétration d'Intenet oscillant autour de 30%, la RDC reste largement en retard sur ses voisins régionaux. Les causes sont connues : infrastructures vétustes, zones rurales délaissées, prix élevés, coupures fréquentes, et une dépendance presque exclusive aux câbles terrestres et aux opérateurs mobiles.

C'est dans ce contexte que Starlink arrive comme solution de rupture. Grâce à des milliers de satellites en orbite basse, la firme offre une connexion rapide, stable, et surtout indépendante des infrastructures locales. Pour les villages reculés du Kwilu, Haut-uele ou du Tanganyika, la promesse est immense : une école ou un centre de santé peut enfin espérer avoir un accès fiable à l'Internet.

Mais cette promesse technologique soulève de nombreuses questions. Le premier frein est économique. Le terminal de réception de Starlink coûte autour de 600 dollars américains, un prix hors de portée pour l'écrasante majorité des ménages congolais. A cela s'ajoute un abonnement mensuel avoisinant les 40$, là où le revenu mensuel d'un congolais est souvent inférieur à 100$.

Dès lors, à qui profite réellement starlink en RDC ? Pour l'instant, principalement à une clientèle urbaine ou expatriée, ou encore des ONG et des entreprises installées dans les zones enclavées. La population locale, elle, reste encore à la marge de cette révolution.

Mais le défi majeur, au-delà des questions d'accessibilité, est réglementaire. L'arrivée de Starlink met à nu les limites du cadre légal congolais en matière de télécommunications et de numérique. L'autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo, ARPTC en sigle, n'avait jusqu'ici jamais eu affaire à un opérateur satellitaire.

Plusieurs problèmes apparaissent notamment l'absence de cadre clair pour les opérateurs non terrestres, difficulté de contrôle et de taxation, respect des lois sur la cyber sécurité et la protection des données.

Derrière la technologie, c'est un débat de souveraineté numérique qui s'ouvre. Dans un monde de plus en plus dépendant des flux d'information, contrôler ses infrastructures numériques devient un enjeu de sécurité nationale. Si demain, Starlink décida de couper ou ralentir ses services pour des raisons politiques ou commerciales, la RDC n'aurait aucun moyen de pression réelle.

Ce scénario n'est pas anodin. En Afrique, plusieurs pays comme l'Éthiopie ou le Zimbabwe ont suspendu ou limités les opérations de Starlink, le temps de mettre en place un cadre réglementaire robuste. La RDC, de son côté, semble accueillir ce nouvel acteur sans filet juridique suffisant.
Faut-il rejeter Starlink ? Certainement pas. La RDC a besoin de technologies de rupture pour combler ses retards. Mais cette adoption doit se faire dans le respect de la souveraineté nationale, des droits des utilisateurs, et de l'équité fiscale.

Le gouvernement devrait actualiser rapidement la loi sur les Télécoms, en intégrant les opérateurs satellitaires, imposer la déclaration des revenus générés sur le territoire, exiger le respect du code du numérique, notamment sur la cyber sécurité et la protection des données et renforcer les capacités de l'ARPTC .

C'est à cette condition que le pays pourra tirer pleinement profit de cette technologie, sans se faire déposséder de son contrôle numérique.

Starlink est un symbole de l'ère qui s'ouvre : un monde interconnecté, sans frontières, où l'accès à l'Internet devient aussi vital que l'eau ou l'électricité. Mais cette ère pose des défis nouveaux, que la RDC ne pourra relever qu'avec des institutions fortes, un cadre juridique moderne, et une vision stratégique de son avenir numérique.

Connecter le pays, oui. Mais sans une simple zone d'exploitation.

LK

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